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   Mon travail se construit principalement à partir de logos de grandes marques. Ces logos, je les choisis pour leur composition graphique, que je me réapproprie afin de créer des oeuvres concrètes. « Un élément pictural n’a pas d’autre signification que « lui-même », en conséquence, un tableau n’a pas d’autre signification que « lui-même » ». Cet extrait du manifeste de l’Art Concret m’a marqué car il souligne l’importance donnée à l’expérience du regard. Les oeuvres sont créées pour être regardées, pour être senties. C’est ce basculement du signe vers la peinture Concrète qui m'intéresse.

 

En les découpant, les recadrant, les retournant, les pliant, les associant... je cherche donc à transformer ces logos en nouvelles expériences esthétiques. Je recherche de la justesse, du rythme et surtout une cohésion. La réalisation finale doit pouvoir affirmer une autonomie. En parallèle de ce travail de transformation, je cherche aussi à donner à ces formes une présence plus matérielle, plus tangible. En faisant des grands formats, en peignant les tranches des tableaux, en découpant directement dans du médium ou en créant en volume. Je veux leur donner une existence plus concrète afin de rendre l’expérience qu’on en fait plus physique, plus sensible. En transformant ces logos en oeuvres concrètes, je cherche ainsi à bousculer le regard qu’on leur porte habituellement. Nous avons l’habitude de voir ces formes mais nous ne les regardons pas vraiment. C’est la marque qu’elles représentent que nous voyons. Leurs significations les dépassent et nous font presque oublier leur réalité indépendante et concrète. C’est cette limite du regard que je cherche à susciter dans mes réalisations. Quand la forme devient elle signe?

À l’origine de ce travail, il y a une confrontation entre deux manières de percevoir le réel. J’ai découvert la première grâce à la méditation. En apprenant cette pratique, j’ai découvert qu’il était possible de moins juger le réel, de moins l’interpréter. Percevoir un son pour un son et une couleur pour une couleur. La seconde en m’intéressant au marketing. Lorsque j’achetais un produit, je me demandais souvent : est ce que mon choix va vers le produit lui-même ou bien la marque qui lui est rattachée? Dans son essai « No logo », Naomi Klein démontre que beaucoup d’entreprises ne se concentrent plus sur les produits, mais plutôt sur l’image de leur marque. « Pour ces sociétés, le produit apparent faisait seulement office de matériau de remplissage dans la production réelle : la marque ». Alors que la méditation nous invite à observer les choses pour ce qu’elles sont, le Marketing cherchait au contraire à les voiler derrière une signification. C’est cette double perception possible du réel que je cherche à mettre en tension dans mes réalisations.

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